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LA JUSTICE POPULAIRE,
UN FLÉAU PLANÉTAIRE

En produisant du théâtre, les membres d’une compagnie deviennent porteurs de causes, d’idéologies. Il est important pour moi, pour nous, de mettre de l’avant des textes qui portent au questionnement, qui secouent. Le Principe d’Archimède vient toucher à un fléau planétaire croissant : la peur de l’autre. Cette peur étant d’autant plus décuplée grâce aux diverses plates-formes nous étant offertes de nos jours. 
 

Que ce soit à Barcelone ou bien à Montréal, la surpuissance des réseaux sociaux se fait bien entendre. Pour le meilleur, mais aussi, pour le pire. Le Principe d’Archimède témoigne de la rapidité avec laquelle peut circuler l’information. Le protagoniste de l’œuvre se voit accuser un vendredi matin d’avoir embrassé un enfant sur la bouche et est jugé coupable le vendredi soir. Cette situation, bien qu’exacerbée par sa théâtralité, n’est pas si étrangère à nos mécanismes de défense de société. Approcher un enfant n’a jamais été aussi compliqué, n’a nécessité autant de précautions. Vis-à-vis cette situation, je me sens chanceuse d’être une femme. J’ai joué dans beaucoup de pièces jeunesse et, contrairement à mes collègues masculins, je sais que je peux faire un peu moins attention à où les enfants m’étreignent, à la façon dont je les touche. Entendez-moi bien, je suis pour la vigilance en ce qui a trait aux gestes posés aux enfants. Mais j’ai peur que l’amour et l’affection disparaissent complètement : laissant ainsi les adultes aux prises avec des comportements imperméables, engendrés par la peur.

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Prenons, par exemple, le cas de Yann Lemoine, un enseignant du primaire, accusé à tort d’attouchements  sur une élève par deux de ses collègues et qui a été acquitté. Lors de l’enquête, jamais la jeune fille n’a mentionné qu’elle s’est sentie menacée. Depuis, l’homme n’enseigne plus aux enfants. Une notion qui me heurte et qu’on retrouve aussi dans la pièce est le besoin de nommer la situation matrimoniale de l’enseignant. Comme si le fait que celui-ci soit célibataire change quoi que ce soit dans cette affaire. « Lemoine n’avait à l’époque ni conjointe ni enfant, ce qui avait intensifié les soupçons des enseignantes, suggère la poursuite. » (JDM, Jonathan Tremblay, Novembre 2018). Cette notion est abordée dans l’oeuvre. Anne demande à Pierre s’il a quelqu’un avec qui il partage sa vie. Elle lui demande même s’il est homosexuel. Ces associations, souvent effectuées, sont complètement ahurissantes. 

La raison pour laquelle nous avons tant accroché sur Le Principe d’Archimède c’est que Josep Maria Miró arrive à rester impartial lorsqu’il dépeint l’histoire de Pierre, son protagoniste, pris au piège avec des allégations de démonstrations affectueuses envers un enfant. Son écriture fait que nous devons nous questionner à savoir si, sans preuve, sans réel appui des faits, nous pensons que le professeur de natation a dépassé les limites lorsqu’il a réconforté un enfant qui avait peur de l’eau. J’ai plus que hâte que le public montréalais entre en contact avec cette oeuvre. J’anticipe positivement les discussions que nous aurons avec celui-ci lorsque nous nous retrouverons dans le hall d’entrée du Prospero. 
 

Le Principe d’Archimède est une œuvre nécessaire. Une œuvre miroir qui amène à la réflexion. Il faut entrer en contact avec cette pièce. Vraiment. D’ailleurs, le texte a été joué dans plusieurs pays. témoignant de la pertinence de celui-ci. (Voir images plus haut)
 

Kariane Héroux-Danis

Codirectrice du Théâtre à l’eau froide et adaptatrice du Principe d’Archimède

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